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Trail Champsaurin (Parcours 37km de l’UltraChampsaur) – 8 juillet 2012

Les 7 et 8 juillet, la météo est parfaite pour l’UltraChampsaur.

Trois parcours: l’UltraChampsaur, épreuve principale de 70km et 3500m de dénivelée, le Trail Champsaurin, parcours moyen de 37km et 2200m de dénivelée (et dire que l’année dernière ça s’appelait Minichampsaur…) et le Trail découverte de 17km qui a lieu le samedi après midi.

J’ai coché depuis longtemps dans mon agenda le Trail Champsaurin, autant pour des raisons sportives qu’affectives, car je suis à moitié Champsaurin. En plus, le décor est splendide. J’observe régulièrement les sommets avec envie lors de mes déplacements professionnels fréquents dans le Champsaur.

Pour moi, cela représente quand même une distance et un dénivelé jamais réalisés, c’est donc un petit défi personnel pour lequel je me suis préparé tant bien que mal, ajoutant un peu de foncier (marche, vélo) à mon entrainement plutôt faiblard du début de saison (j’en suis à 400km depuis janvier, soit presque 10% à rajouter en une matinée…)

Gilles et Coco m’ont gentiment emmené à Pont-du-Fossé, site de départ du parcours moyen de 37km.

Dimanche 8 juillet 2012, à 8h45, nous sommes un peu moins de 300 dans l’aire de départ, joli succès pour les organisateurs.

L’ambiance est calme, il va s’agir pour chacun d’accomplir un long effort solitaire.

Pas vu quelqu’un s’échauffer, c’est normal, il faut vraiment garder ses forces pour le parcours.

Je m’aperçois que j’ai oublié mon portable et surtout de me pommader les jambes de ma crème chauffante… Tant pis c’est trop tard…

C’est parti!  avec une courte mise en bouche dans le village et, sitôt le pont du Drac franchi, clignotant à gauche vers les Eymes dans une rue déjà bien raide.

Je marcherais bien volontiers, mais le flot de coureurs me pousse à courir (je ne veux pas non plus me retrouver en queue de peloton)

Très rapidement, on quitte le bitume pour un sentier, ou ça bouchonne.

La pente est moyenne et je trottine tranquillement. J’ai prévu de me mettre en action en douceur, ce qui ne semble pas être le cas de tout le monde car je me fais beaucoup doubler. Certains produisent déjà un bel effort, j’entends leur respiration forte.

C’est assez incompréhensible, vu le dénivelé de 1200m qu’on est en train d’attaquer…

A l’approche de Costebelle, le chemin se fait bien raide, et en marchant, je commence à dépasser des coureurs, en prenant garde de ne pas m’emballer.

Arrivé sur la piste forestière, partie de l’ascension que j’ai reconnue le mardi précédent,  je prends un rythme de croisière, le peloton s’est bien étiré et les « groupes de niveaux »commencent à se former.

J’ai repéré un vétéran 2, dont le rythme semble régulier et assez proche du mien (Normalement un V2 est une valeur sure!).

Je décide donc de le suivre dans sa progression.

La piste forestière fait place à un sentier dans le bois.

Il faut maintenant alterner course et marche.

Pour l’instant j’ai de bonnes sensations, aucune douleur et le temps n’est pas très chaud, d’autant plus que l’on est dans le bois.

J’effectue donc tranquillement cette ascension du Cuchon derrière mon vétéran, en restant bien en-dedans, et en buvant régulièrement quelques gorgées d’eau. Régulièrement, on dépasse un trailer, preuve que le rythme est très correct.

A l’approche du sommet, le sentier est fait d’inombrables lacets, et je peux voir en contrebas les concurrents qui nous suivent.

Il y a là une féminine qui semble très affutée et qui arrive encore à courir là ou une grande majorité marche. De plus, quand elle ne court pas, elle parle… de quoi écoeurer ceux qui sont à la rupture…

Enfin le sommet du mourre du Piurc (Tête de cochon?), franchi au bout d’une bonne heure.

La vue est splendide: Haut-Champsaur à droite et vallée de Rouanne à gauche. Je repère la ferme de mon grand-père que j’ai du mal à reconnaître vue de dessus…

On peut recommencer à allonger la foulée sur une portion de descente assez facile.

Puis, je perds la trace de mon vétéran dans la partie aérienne, signalée dangereuse, que je passe très prudemment.

A l’approche du Cuchon, le sentier se fait plus roulant et je m’autorise à lâcher un peu les watts pour le plaisir de « piloter ».

Beaucoup de spectateurs sont venus voir passer la course à cet endroit qui est également le premier ravito et le premier point chrono.

Je m’y arrête au bout d’1h18, soit à peu près dans le temps estimé.

Je bois un verre d’eau, prends quelques abricots secs et morceaux de gruyère dans la main, et repars à la suite de mon vétéran, toujours le même, celui que j’ai élu « régulateur de vitesse » de la matinée.

La partie suivante est très agréable, avec faux-plats descendants et descentes en virages. Attention toutefois au sol avec pierriers et pistes bien rocailleuses.

Je suis à l’aise et dépasse mon vétéran, en lui disant que je prends le relais.

Le rythme est plutôt soutenu et 2 coureurs sont encore dépassés.

Dans la montée de ChauBelle, 2ème difficulté du jour, la course est déjà bien décantée et je suis plus que jamais soucieux de préserver mes forces. Je n’hésite pas à marcher régulièrement, selon la pente, en profitant pour m’alimenter, boire et regarder le paysage.

Mon compagnon de route et poisson pilote repasse devant, et je me remets dans son sillage…

Cette portion n’est pas très difficile, mais assez longue. Je suis toujours bien, mais ce n’est pas encore la mi-course. J’essaye de chasser cette pensée de mon esprit en me rappelant la chance que j’ai d’être là, en bonne santé, dans un décor magnifique.

Nouvelle descente vers le fond de Rouanne, sentier rapide en larges lacets dans les paturages.

Je reste mesuré dans mon effort, car j’imagine qu’il est facile de se « casser » les muscles sur ce type de descente.

Sur cette partie qui m’avantage, mon vétéran ne peut suivre. Je pense à tort que je le retrouverai sans doute dans une future montée.

Arrivée à Rouanne, deuxième ravito et le deuxième point chrono.

J’y rejoins quelques coureurs et fais une brève halte, faisant provision d’abricots secs et gruyère pour la suite.

Sur l’opération j’ai gagné au moins 3 places, c’est toujours ça de pris…  En plus, je suis un peu en avance sur mon tableau de marche.

Il faut maintenant amorcer la deuxième partie de la course, la plus difficile.

Nous allons monter vers le Piolit, mais progressivement.

Sur la section entre le deuxième et le troisième ravito, pas de forts pourcentages mais ça monte presque tout le temps.

Le soleil tape fort mais il fait un peu d’air et l’atmosphère est bien supportable.

Les jambes commencent à être lourdes, 2 coureurs équipés de bâtons me passent. De toute façon, je suis conscient que je n’ai pas l’entrainement suffisant pour être compétitif sur 37 km.

Cela dit, je constate quand même en regardant les autres coureurs que les organismes commencent globalement à fatiguer.

Allez, il faut juste mettre un pied devant l’autre sans regarder plus loin (dixit JP Mader, fameux trailer des années 80) et rester patient.

3ème ravito qui tarde à se montrer. Je reste un peu plus longtemps à celui là, afin de remplir mon camelback.

On est en contrebas du Piolit et je me dis que c’est maintenant qu’on va vraiment en ch…

L’alpage qu’on traverse me donne raison, mais ensuite retour sur une piste rocailleuse, ou je me surprends à courir, entrainé par les coureurs que j’ai en point de mire. En fait, j’alterne plus ou moins marche et course, mais ça fonctionne bien, puisque je gagne quelques places pour me retrouver à l’avant d’un petit paquet.

On est désormais au pied de la crête du Piolit, maculée de petits points de couleurs vives qui sont en fait les coureurs de l’avant-garde, bien plus haut (bon d’accord, les tout meilleurs sont encore plus loin…).

En levant la tête, on prend un coup au moral, mais comme nous dit une bénévole au passage, on tient le bon bout, enfin, peut-être…

J’ai les jambes très raides.  Après avoir fini mon gel, je mange une pâte de fruit…

Je commence mon ascension tant bien que mal et laisse filer un coureur. Il n’est bien sur pas question de courir, mais seulement de mettre un pas devant l’autre et de recommencer.

Derrière, un petit groupe revient peu à peu.

Un coureur me rattrape et je parviens à poser mes pas dans les siens.

Petit à petit, les sensations se font meilleures, et la preuve, le groupe de derrière reste à distance.

Finalement cette crête s’avère moins longue qu’il n’y paraît au pied, et je parviens à atteindre le sommet sans trop de difficultés.

Un coup d’œil rapide au paysage magnifique et je me lance dans la descente. Enfin, lancer est un bien grand mot. Les jambes sont encore plus raides qu’au pied de la montée. Je me rappelle les conseils de Yannick et reste prudent dans cette première partie un peu technique. Devant j’aperçois un coureur qui s’étire, surpris par une crampe.

Je prends le temps de boire et me fais dépasser par un coureur.

Il s’agit en fait d’Hervé Giraud-Sauveur, leader de l’UltraChampsaur (parcours du 70km), que j’encourage au passage.

On arrive sur une partie de descente en lacets plus roulante. Je constate que j’arrive à suivre Hervé et décide de me caler dans sa roue, profitant de l’aubaine, le hasard de la course me donnant un ouvreur de luxe pour cette longue descente.

C’est rigolo, car quelques coureurs du 37km le laissent passer… et moi également, calé dans son sillage.

Cette descente est vraiment très longue et je languis la fin, même si j’apprécie d’être en bonne compagnie (Je kiffe!!).

Au dernier ravito, je laisse filer Hervé, n’ayant plus beaucoup de carburant dans le réservoir.

Les jambes sont maintenant très lourdes et je sais que c’est irrémédiable… Je dois marcher dans la montée sur la route du Sapet, mais c’était prévu avant le départ.

Il me reste quand même un joker! En effet, toute ma famille m’attend au col de Moissière, femme, enfants, parents, frangin, pour des encouragements très réconfortants.

Fabuleux moment ou la fatigue cède la place à l’émotion pendant quelques instants.

Dernière descente vers Ancelle ou la tête doit suppléer les jambes. A l’approche du village, je me fais violence pour ne pas marcher et ne peux plus sourire aux encouragements pourtant très chaleureux des quelques spectateurs.

Enfin, on m’annonce 300m, 250m, et il y a beaucoup de maisons autour de la route, preuve qu’on arrive au centre du village.

Sur la place centrale d’Ancelle, un petit garçon me donne la main jusqu’à la ligne d’arrivée, pour un dernier moment d’émotion avant la délivrance.

Je franchis la ligne exténué, mais heureux d’avoir bouclé le parcours, en plus avec un chrono inespéré: 4h40 pour 5h attendues!

Le speaker me présente comme l’organisateur du trail de Châteauvieux: « organisateur et coureur, c’est le bonheur ».

Pour l’instant, je suis incapable de réagir et dois m’asseoir assez rapidement. Je peine à reprendre des forces et préfère rester assis, me levant juste pour aller chercher boisson et aliments.

J’écoute Patrick me raconter sa course, ça fait déjà 1h qu’il a terminé, il est déjà requinqué lui!

Quelques dizaines de minutes plus tard, ma famille me rejoint sur l’aire d’arrivée, mais nous ne nous attardons pas car la petite Cloé est fiévreuse, et moi, impatient d’aller me reposer, car limite pas bien. Dommage, j’aurais aimé encourager mes copains du club et discuter un peu avec le vétéran 2 qui m’a été bien utile sur la première moitié et que j’ai perdu ensuite.

Bravo et merci aux organisateurs, tout était très bien!

Bilan: une superbe expérience conclue par un beau résultat, mais qui confirme mes impressions:

l’ultra c’est pas pour moi, 40km maxi, c’est déjà bien.

Par contre, si je réussis à bien la digérer, cette course m’apportera beaucoup pour la deuxième moitié de l’année, car j’aurai une bonne référence sur mon foncier, me permettant d’aborder des distances moindres en toute confiance.

Catégories :Course à pied
  1. 12 juillet 2012 à 18:49

    Hamdullah ! Bravo pour ta performance, cela me fait d’autant regretter ma blessure !
    A bientôt sur une course … Inchallah !

  2. lucas Martin
    22 juillet 2012 à 17:53

    Bonjour Thierry,
    Je tombe par hasard sur ton blog en lisant la liste dans génération Trail. Beau boulot de description et de course aussi, tu marches fort ces temps ci…
    D’après ton programme de festivités il y a peu de chance que l’on se croise sur une course cet été. Pour moi c’est les Mélézes dimanche prochain puis l’Ubaye Salomon, tout en 04 quoi. De belles course pour faire des photos d’ailleurs.
    Lucas

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